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25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 11:01

ETAPE N° 4  DATE : Mar 10 mai 2011 TRAJET : ZUBIRI > PAMPELUNE > ALTO DEL PERDON > PUENTE-LA-REINA

 

DST :

52 km

MOY :

9,6 km/h

ASC :

740 m

 

DSC :

900 m

LAP :

2

Temps sur la selle :

5h25

Temps total : 

8h 46

Altitude

Arrivée

 345 m

Heure départ :

7h45

Heure arrivée :

16h

Météo : Beau et chaud

 

 

 

               

            Le soir, la patronne de « l’Albergue » parle français et j’apprécie d’économiser mes neurones à chercher mes mots en anglais ou à essayer de capter, avec un air idiot, un ou deux mots « clés »  dans des phrases débitées à toute vitesse en espagnol.

            Inutile de vouloir flemmarder au lit dans un dortoir : Dès 6 heures du matin le premier qui bouge donne le signal du départ : grincements de lits, chocs dans l’obscurité, tâtonnements pour attraper sa montre ou ses lunettes, froissements de sacs que l’on remplit avec plus ou moins de méthode.

            Direction : le réfectoire pour un petit déjeuner en général copieux (on est parfois déçu) pour faire le plein en vue des montées à venir.

 

            Coup d’œil sur la carte et en selle : ca devrait globalement descendre jusqu’à Larrasoana puis bosses pas trop méchantes jusqu’à Pampelune. Après ça devrait se corser !

  entre Zubiri et Larrasoana (1)-copie-1

              La sortie de Zubiri est une vaste décharge de boues industrielles grisâtres en tas réguliers et dont les limites se perdent dans la brume du matin. Un bel escalier tout neuf permet aux piétons pélerins de descendre confortablement au fond de cette grande cuvette ; quant au cycliste, un panneau montrant un malheureux culbutant par-dessus son vélo, le persuade immédiatement d’emprunter le plan incliné en serrant fortement fesses et freins…

  pont de la magdalenna

                 L’arrivée sur Pampelune se fait par un camino confortable et goudronné offrant de belles perspectives sur le « Rio Arga » Le pont de la magdalena avec ses 3 grandes arches marque l’entrée en ville. L’itinéraire urbain du chemin est somptueusement balisé par d’innombrables coquilles métallique incrustées dans la chaussée et vous amenant jusqu’au centre historique.

 

                   L’aigle napoléonien, présent sur de nombreux monuments rappelle les 6 années d’occupation française. Quant aux larges rues et aux belles façades ornées de balcons en saillie aux lourdes rambardes de fonte, elles sont malheureusement défigurées par un réseau de fils et de câbles aussi aériens qu’inesthétiques.

 

  Pamplona (17)

                       Le vélo offre l’avantage de pouvoir parcourir rapidement les centres-villes et je fais à cette occasion la connaissance d’un allemand paraplégique venu avec son tricycle à assistance électrique lourdement chargé. Etant tous deux sur roues nous sympathisons et nous nous photographions mutuellement avant de nous séparer. Je me demande alors s’il est venu seul, et en ce cas comment il peut résoudre tous les problèmes quotidiens du camino.

 

              Pour franchir « l’Alto del Perdon » à 770m d’altitude, j’aurais pu prendre la route, mais je m’étais déjà « défilé » dans la traversée des Pyrénées et je voulais en quelque sorte me rattraper. Je doublai à cette occasion un jeune couple plus lourdement chargé que moi car il devait camper. Je le retrouverai à plusieurs reprises par la suite et nous échangeons quelques propos dans un anglais approximatif car les vélos étant peu nombreux, les cyclistes ont plaisir à retrouver des « congénères »

Je fis donc seul cette montée plus souvent en poussette que sur la selle sur un camino devenu « draille » puis sentier monotrace, avec en ligne de mire des dizaines d’éoliennes soulignant la crête de l’Alto.

Alto del Perdon (2)

                  Don Quichotte à l’assaut des moulins ou plus modestement Sancho Panza sur sa mule car ma dégaine rappelle plus le valet que  l’hidalgo.

                   Suant et soufflant je finis par arriver au pied de ces impressionnantes éoliennes brassant l’air lentement dans un souffle discret et rythmé. On peut presque imaginer qu’elles sont à l’origine du vent. En tous cas, je préfère de beaucoup ces paisibles géants aux inquiétantes boursoufflures de nos centrales nucléaires,  plus discrètes mais beaucoup plus inquiétantes.

Alto-del-Perdon--1-.jpg

Un cortège de pèlerins de toutes sortes, luttant contre le vent, m’accueille au sommet. Ils sont là depuis longtemps comme en témoigne leurs pèlerines et leurs ânes de tôle rouillée.

  

                 Le camino de descente est là et ne demande qu’à m’avaler dans un superbe spot assez technique mais grisant vers Uterga, Muruzabal, et Obanos, petits villages endormis sous un soleil de plomb, traversés par une large rue centrale déserte et poussiéreuse : on se croirait presque au Far-West.

Puente la Reina est vite là, il ne me reste plus qu’à m’installer au gîte communal ou, pour 4 € je pourrai me doucher, faire ma lessive, et dormir dans un lit.

   Punte-la-Reina--15-.jpg

                  Après la douche et  la lessive, il est encore tôt et je vais visiter le rue principale encombrée par les terrasses de bars « à tapas ». L’église est surmontée d’un clocher sur lequel une cigogne a construit un vaste nid de branches. Elle y est très occupée et ne prête aucune attention aux pèlerins qui la prennent en photo 15 mètres plus bas. Je passe devant un guichet de loterie qui sur 2 mètres de façade ne désemplit pas. Une mercerie en panneaux à caissons de bois beige digne des années 50 expose  en vitrine des layettes, bobines de fil et sous vêtements.

 

              Je décide de m’offrir un petit restau pour éviter d’avoir à cuisiner. Le patron, bon bougre, me voyant seul, m’offre une table face au grand écran plat sur lequel canal plus espagnol diffuse une corrida. Mon premier réflexe est de tourner le dos à ce spectacle car je déteste le sang et la violence, mais comme le taureau vient à peine d’entrer dans l’arène, la curiosité me pousse à regarder la suite.

Punte-la-Reina--17--copie-1.jpg

A peine entré, le taureau, masse de muscle impressionnante, cherche avec impatience à en découdre et on se dit que le gamin imberbe et fluet déguisé en pantin doré a intérêt à ne pas se faire alpaguer par le monstre cornu qui va bien finir par le voir …et par l’avoir. La télé permet de voir tous les détails, en haute définition, mieux que sur les gradins. Quand je comprends que l’animal ne voit QUE la cape du toréador vers laquelle il fonce obstinément en  baissant la tête, je comprends que les jeux sont faits … Le reste c’est du spectacle, des figures de style, des virevoltes, des mimiques qui se veulent effrayantes mais ne sont que ridicules sur ce visage de fille… Je me dis qu’il ne faudrait qu’une seconde d’intelligence au taureau pour faire de ce gamin un pantin désarticulé au lieu de baisser invariablement la tête vers la cape.

                  Finalement, le plus courageux, c’est pas le torero, ni le type juché sur l’énorme percheron blindé qui vient fouailler la nuque du taureau avec sa lance, non, c’est celui qui, sans cape, face à l’animal, vient lui planter les banderilles.

Quand, enfin, le guignol chamarré sort son épée, tu crois que c’est enfin fini mais tu te trompes car souvent, le gars rate son coup : l’épée ne rentre pas, ou pas assez profond, ou à côté du coeur . Il doit remettre ça, parfois 3 fois de suite jusqu’à ce que la bête tombe à genoux puis s’abatte sur le côté. On voit alors le public applaudir à tout rompre et quelque belle bourgeoise emperlouzée cacher son visage sur l’épaule de son mec. T’as envie de lui crier : « Si tu veux pas voir ça, fallait pas venir ou alors si tu aimes ça, t’es une belle hypocrite … pour rester poli !! »

                  Je vous épargne les prestations suivantes toutes aussi semblables et cruelles.

                Pour finir, le Nelson Montfort local vient commenter avec des spécialistes, sur un ton parfaitement détaché, ce que j’imagine être les phases du « combat » et les qualités et défauts des différents protagonistes.

 

               Il faudra bien qu’un jour, ces horreurs cessent, mais quand tu vois, entre les tables du restau, 2 gamins de 6 ou 7 ans jouer à la corrida avec un  « taureau » monté sur roue de petit vélo et guidé par deux brancards, tu te dis que c’est pas gagné.. !!

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